Le SauceGod aurait-il enfin trouvé la bonne recette ?
- Michael
- 9 mars 2019
- 10 min de lecture
Dernière mise à jour : 14 sept. 2020
Par Michael John

Nous l’attendions et nous avons été servis ! Jouez hautbois, résonnez musettes, plus d’un an après avoir sorti sa énième Mixtape “1994” parue le 27 Octobre 2017 et couronnée d’un disque d’or, le H revient cette fois ci avec son premier album studio sobrement intitulé “Paradise” , un projet beaucoup plus long que 1994 (17 titres) et qui contrairement à ce dernier fait la part belle aux collaborations. Ce projet à comme ambition claire de révéler la pépite belge au plus grand nombre et les choix d’artistes présents sur l’album sont là pour en témoigner, On retrouve sur l’album des noms bien connus du grand public tels que SCH, Aya Nakamura, CHRIStine and the Queens ou encore Oxmo Puccino. Des choix qui restent cohérents musicalement mais qui attestent bien de l’entrée dans une nouvelle dimension et la volonté de toucher un plus grand auditoire. Hamza a fait son petit bonhomme de chemin depuis l’époque du "Kilogramme gang" et est fin prêt à exploser à la face du monde.
Ces deux dernières années ont été déterminantes dans la carrière du H, elles lui ont permis de passer un nouveau cap dans sa musique. Signé depuis 2017 dans le label REC118 filiale du groupe Warner Music France, axé sur le Rap et les musiques Urbaines qui manage entre autres des artistes comme Sch et Aya Nakamura que l’on peut retrouver sur “Paradise” ou d’autres têtes d’affiches du rap français tel que Ninho ou encore Soprano, il à également été très actif en faisant monter la température durant la période de l’entre-deux-projets avec de nombreuses collaborations. On a pu le voir notamment sur “Love Break” avec The Magician, “Bae” avec Caballero et Jean Jass, sur le projet de Ikaz boi avec “Vrai love” ainsi que sur deux Bandes Originales pour TAXI 5 avec “Cash” et “Je m’évade” sur la B.O du film “Tueurs”. Plus récemment en solo avec le morceau “Designer” faisant aussi office de spot publicitaire pour Nike, des morceaux ou l’on a pu observer une progression constante qui laissait entrevoir de belles choses vis-à-vis de son public qui attendait depuis longtemps un projet estampillé officiellement de l’étiquette d’ “ALBUM” premier grand cap à passer dans la carrière d’un artiste. Alors, cet album à-il passé le test ? TOP ou FLOP ? Voici ma review pas très objective de “Paradise”.
Petite présentation pour ceux qui ne le connaîtraient pas : Hamza AL FARISSI, plus connu sous son nom de scène Hamza est un rappeur belge né en 1994. Il débute dans le rap en 2010 au sein du groupe “Kilogramme gang” avant de se lancer rapidement dans une carrière solo.

Il se fait connaître paradoxalement en premier en France, eh oui nul n’est prophète en son pays, grâce à sa première mixtape gratuite “H24” qui avait gagné beaucoup d’attention car publiée à l’époque sur “Haute Culture” (Un ange parti trop tôt) site dédié aux sorties de mixtapes francophones. 2016 est une année charnière de sa carrière. Il sort coup sur coup 3 Mixtapes, La première “Zombie life” ou l’on retrouve des figures bien connues du paysage rap français actuel en les personnes de Damso (tout fraichement signé chez 92i à l’époque) et le pharaon montpelliérain Joke (Ou Ateyaba c’est au choix), Puis "New Casanova", EP aux accents dancehall qui sent bon le sable chaud et le bord de mer et enfin "SANTA SAUCE" en guise de cadeau le jour du réveillon de Noël. Pour les intéressés, les deux derniers projets cités sont à ce jour disponibles uniquement sur Soundcloud.
Le H est une figure bien connue sur la scène francophone grâce à des sons que tous les amateurs de rap music connaissent tels que “Respect” ou encore “La Sauce” qui donne son nom à une célèbre émission sur OKLM Radio, mais qui reste cependant très énigmatique, un roi sans couronne dû en partie à une exposition très limitée.
Mais coup du sort, “Vibes” premier extrait de sa mixtape 1994 se retrouve diffusée dans une des émissions du OVO SOUND RADIO, programme radio du label du rappeur canadien Drake diffusé sur Beats 1, la web radio d’Apple Music et animé par Oliver El-Khatib le manager de Drake. Saucegod validé par le 6ixgod ??? WHAT A TIME TO BE ALIVE ! On peut également parler du passage très remarqué à l’origine d’une vidéo virale du morceau “La Sauce” dans un Dj Set de Virgil Abloh (DJ, Designer et occasionnellement directeur artistique homme chez Louis Vuitton) de passage dans la capitale. Ces deux événements ont suffi à faire monter la hype dans l'hexagone et a réussi à booster la promo du projet, certifié Or une première pour lui.
S’en suit une année 2018 tourmentée. Une tournée annulée suite à la disparition de son père et mentor qui très jeune lui a transmis sa passion pour la musique et particulièrement pour le RNB. Il a quand même tenu à faire sa date parisienne à l’Olympia la plus grosse du “1994 Tour” lui rendant hommage sur scène performant “Life” dans une ambiance que les personnes présentes au concert ne pourront jamais oublier.
La particularité du son d’Hamza provient de son goût prononcé pour le chant qui fait de lui un hybride Rap, R&B et Dancehall qui à sa manière “Représente la Rue en mélodie” (Ennemis,H24). On écoute Hamza en premier lieu pour s’ambiancer, quand on est heureux et que l’on souhaite célébrer la vie car les capacités de ce dernier en tant que rappeur sont assez limitées, il faut l’avouer. En témoigne son couplet laconique sur “HS” en featuring avec SCH mais qui pallie cela avec un hook très catchy. Bien qu’il arrive tout le temps à placer un morceau plus “rappé” dans ses projets: 1994, Life, sur H24 avec Bibi boy swag et Riche ou sur Santa Sauce avec La nuit est à nous.
Il n’a pas de fulgurances dans l’écriture et n’a pas la prétention de jouer sur ce terrain il laisse volontiers les longs textes, allitérations et figures de styles aux artistes spécialisés, un illustre parolier français à d’ailleurs déjà dit à ce propos “Fuck être un lyriciste n***o, je suis la que pour ramener les chèques.”. Son Style unique ne laisse pas indifférent, que l’on aime ou que l’on déteste tout le monde à un avis bien tranché sur sa musique.
Étonnement pour ce second projet sous la tutelle de Warner la promotion de l’album n’a commencé que très tardivement, fort de deux dates de concert parisiennes Sold-Out à la Cigale et à l’Olympia et une date belge à l'Ancienne Belgique elle aussi à guichets fermés (il vient d’annoncer une date au Zénith de Paris le 6 février 2020 et se produira cet été lors du Festival We Love Green) avec la sortie du morceau éponyme de l’album accompagné d’un clip très sobre et élégant tourné aux Maroc pour rendre hommage au pays d’origine du H. Loin des codes des clips clichés qui décrivent l’univers que dépeint Hamza dans ces morceaux, ici l’accent à été mis sur l’esthétique avec de somptueux plans dans le désert marocain montrant un Hamza au dégradé saillant ami de la nature ridant dans l’oasis en quête de LIFE.
Un premier tube qui donnait sans qu’on le sache la couleur de cet album, un album aux Influences Américaines très marquées (Inspirations d’artistes comme Playboi Carti,Young Thug ou Travis Scott se font ressentir) dû au fait que de nombreux morceaux de l’album ont été enregistrés et mixés entre les locaux de Uptown Studios par Hakim “Ovitch” CAMBRONNE à Bruxelles et à Los Angeles au studio Neighbourhood watche par un nouvel ingé son dans l’entourage de Hamza, Ryan Summer. Ces-derniers ont considérablement oeuvré sur le projet en travaillant entre autre sur la pureté des vocals d’Hamza qui est un élément qui frappe en écoutant l’album, elles qui manquaient de justesse dans bon nombre de morceaux.(un des plus gros reproches que j’ai pu faire à toute la mixtape ZombieLife est que les morceaux étaient tout simplement inaudibles) A force de travailler avec la même équipe son réglage de voix à finalement réussi à être parfaitement défini comparé avec ses précédents projets ou c’était un peu le jour et la nuit. Un gros travail de mixage c’est-à-dire régler chaque piste enregistrée pour que tout soit homogène des effets sur la voix (Reverb, echos, délais) aux différentes pistes kick, drop, basse, à été réalisé par les deux ingés sons.
C’est d’ailleurs pendant ce voyage qu’une photo à beaucoup fait parler, prise en studio avec Jaden Smith et publiée sur son instagram, Hamza àaconfirmé plus tard en interview qu’un featuring avait été enregistré mais que la date de sortie restait encore inconnue.
Grâce à sa signature en Major (Maison de disques), un palier a été franchi dans la jeune carrière d’Hamza. Il peut désormais bénéficier de moyens et beaucoup plus importants qu'à ces débuts et d’expertise de spécialistes du milieu, de nombreux rappeurs ont fêté leur premier disque d’or chez Rec. 118, symbole de la capacité du label à tirer le meilleur de ses artistes. En témoigne la maturité dans les choix d’exposition, Paradise morceau plus “rap” tout en restant mélodique contraiment à la “zumba” clichée de Vibes qui portait 1994.
Le Nouveau Michael Jackson semble avoir trouvé la combinaison gagnante que ce soit dans le choix de productions ou dans la direction artistique.
Pour ce qui est des prod, on souligne la Relation “céleste” entre Hamza et PETAR “Ponko” PAUNKOVIC producteur de génie qui est présent sur la quasi totalité des tracks de l’album et qui à su faire oublier les craintes vis-à-vis de son Omniprésence sur l’album. Peur que cette dernière ait une influence “négative” dans le sens de dénaturer ce qu’est Hamza le diriger dans un style plus “Mainstream” qui ne correspond pas à ce qu’il est, à l’image de la direction de la dernière Mixtape de 13block “Triple S” par Ikaz boi producteur au mélodies beaucoup moins trap et plus chantées, joyeuses qui cassent avec l’univers du 13 et qui fait perdre le côté “Rap d’implication” “UL-Trap” qui les caractérisait. (Une collaboration avec le H est à venir restez branchés).
Et dans la direction artistique avec un personnage important NICOLAS “Nico Bellagio” LEFÉBURE (beatmaker,manager et directeur Artistique de Hamza) chargé de chapeauter toute la machinerie autour du SauceGod. Fini les balbutiements et les approximations des débuts qui ont fait beaucoup de mal à Hamza, dernier exemple en date Erreur de Timing avec “Vibes” morceau qui devait être la vitrine de 1994 aux ambiances d’été qui avait été publié avec un clip sur la plage en plein milieu du mois d’octobre. Bellagio est aux manettes depuis la préparation de 1994 et depuis on sent que depuis qu’il à takeover la ligne directrice du H est différente et les ambitions nouvelles :
Pendant sa semaine Planète Rap le jeune rappeur belge à parlé de son label “Just Woke Up” fondé en 2017 avec son ami, collaborateur, directeur artistique Nico Bellagio (encore lui) et signé chez Warner. Et du premier artiste signé dessus, Andreww de son vrai nom Andrew Westermann qui à pu faire un live de “Calling” d’un morceau issu de son premier EP “Never Alone”. Avec des featurings variés Hamza saura toucher un grand nombre d’auditeurs, “Minuit 13” morceau qui est une reprise de The Korgis-Everybody's got to learn en featuring avec Chris et Oxmo Puccino, est l’illustration parfaite de la versatilité de l’artiste aussi à l’aise sur une prod purement rap ou comme sur le morceau en question, un peu plus pop qui permet de rassembler des artistes de milieux divers pour donner un résultat magique qui va au delà des clivages de chaque style. Le morceau s’achève malgré tout sur une sorte de Slam/Narration d’Oxmo dont les paroles semblent résonner comme une outro expliquant le fil conducteur de l’album suivi par Hamza qui casse radicalement avec les deux parties chantées du morceau.
Le double morceau avec Aya Nakamura, artiste la plus Bankable dans le rap francais de nos jours, semble avoir été composé dans la même optique. Ce n’est pas qu’un simple morceau où l’on aurait collé les deux pistes enregistrées cote à cote, Hamza l’emmène vraiment dans son univers (très proche de celui d’Aya) , les deux ne se sont pas juste contentés d’une simple balade dont Aya à le secret et qui aurait sans doute marché commercialement ou d’un simple remix que de nombreuses personnes voyaient sur “FAYA” peu après la sortie de l’album “Nakamura” qui reprend une ambiance qui colle bien avec le H. Signe de sa volonté de se dévoiler sous un nouveau jour tout en conservant une identité musicale forte.
“Paradise” premier album de la déjà très fournie discographie de Hamza est une excellente carte de visite pour les non-initiés et le grand public avec des sonorités qui devraient plaire au plus grand nombre. Les fans de la première heure devraient également y trouver leur compte peu importe lors de quelle période ils ont rejoint la fanbase du rappeur Belge grâce à des choix de direction artistique bien pensés qui permettent au H de se sublimer. Cet album en plus de servir à Hamza permet de mettre en lumière ses Beatmakers (ou producteurs comme vous voulez) qui sont les véritables héros de ce rap jeu:
Amir Boudouhi, Damablanca, Ikaz Boi, James Warren,Nico Bellagio, Russel Oliver Stone, San Hucci, SWYV, PETAR “Ponko” PAUNKOVIC, Ozan “Oz touch” AKTAS , et Hamza lui même qui s’auto-produit sur 50x. Que de grands noms présents sur “Paradise” donc pas d’étonnement si des alliés producteurs historiques du H comme Ikaz boi ou Myth Syzer soient moins présents que d’habitude ou absents de l’album.
La Sauce à très bien pris, collaborer avec les mêmes producteurs sur un projet entier sans tourner en rond n’est pas chose facile, et c’est cette belle prouesse que l’artiste belge vient de réaliser. Nombreux ont essayé et ce sont brûlé les ailes dernier exemple en date, Gunna rappeur d’atlanta avec son très attendu projet “Drip or Drown 2” qui à decu de nombreux fans (dont moi) car les tracks se ressemblent quasiment tous (Turbo et Wheezy à la prod.)
Seules “déceptions” de cet album, est de ne pas avoir placé une prod du beatmaker canadien Freakey! qui s'était fait remarquer pour avoir produit le banger “Mucho Love” Sur 1994, rien de grave toutefois,car on devrait le retrouver sur les prochains projets du H . Un Couplet de Ramriddlz sur Sometimes ou la jeune légende marche ouvertement sur les plates bandes de Aubrey Graham n’aurait également pas été de trop pour un reboot du famoso “El Dorado”.
Pour apprécier “Paradise” laissez vos aprioris sur le sauce dieu de côté, laissez vous porter
par cette nouvelle vague et jugez le sur sa musique rien que sa musique car “le rap ca
s’écoute avec les oreilles, pas avec la bouche.”
Et une nouvelle fois, Bienvenue à Sauce Paradise…
Suavecito.
(Complètement gratuit mais je me devais de la mettre, admirez la pureté du geste, Kylian Mpaspret could never.)

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