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« A Day In A Yellow Beat » visage caché, musique à découvert

  • Musi.EP
  • 4 déc. 2020
  • 6 min de lecture

Par Camille Buonanno et Lucas Gomes


Impossible de distinguer le visage du jeune musicien de Manchester sur l’intégralité de ses projets. En effet, George van den Broek, n’est pas du genre à tomber du côté narcissique de la célébrité, au contraire. Pétri d’humilité et de talent, le génie de Yellow Days nous livre un album rayonnant et coloré pour affronter le mois de décembre et finir 2020 en douceur.


Naissance de l’artiste et de sa passion

Malgré son nom aux consonances hollandaises, George van den Broek est bien un pur produit britannique. Élevé à Haselmere, est une ville du sud de l'Angleterre, dans le Surrey, près de la frontière avec le Hampshire et le Sussex de l’Ouest, il découvre son amour pour la musique à 11 ans grâce à la guitare que ses parents lui offre à Noël. Il commencera à composer ses premiers titres dès l’âge de 14 ans, seul dans sa chambre en autodidacte.

George an den Broek a tout du garçon un peu renfermé sur lui, ayant besoin de son quota d’heures de musique écoutée dans sa chambre par jour comme il le révèle lui-même dans une interview lors du NOS Primavera Sound 2018. Cette période d’adolescence sera particulièrement productive pour lui, écoutant son frère selon qui c’est lorsqu’on est « jeune que notre vie est encore brillante et belle » et qu’il faut l’exploiter artistiquement. George, compose alors une quarantaine de chansons durant cette période peut-être plus, et décide de dédier sa vie à la musique.

Premiers succès

En 2016, alors à peine âgé de 16 ans, il sort son premier EP « Harmless Melodies ». On sent dès ce premier projet, non seulement un grand talent mais également un cohérence et une maturité conceptuelle. Le format de la pochette, la calligraphie du titre, l’esthétique, tout sera conservé sur le même modèle pour ses projets suivants. Le guitariste britannique nous présente là un projet mûrement réfléchi. Malgré son jeune âge, il ne tâtonne pas dans un style cherchant à transmettre un message flou et encore en construction, il sait déjà parfaitement sur quelle voie il s’engage et de quelle manière. Ce premier projet permet d’installer l’empreinte musicale du jeune artiste.



Mais c’est avec « Is Everything Ok In Your World ? », son second EP de 13 titres que George se fait réellement connaître. Son titre « Gap in The Clouds » choisi par Donald Glover aka Childish Gambino, pour accompagner le trailer la saison 2 de « Atlanta » lui donne également accès à un public plus large et une grosse visibilité. Dans cet EP, il retrace ses premières années d’adolescence, ses premiers amours, rupture et déception. Mais également, et c’est une constante que l’on trouvera chez Yellow Days, un questionnement sur la vie, une réflexion sur notre existence. L’artiste y sample un extrait du discours du philosophe Alan Watts, dans son titre « I’ve Thinking Too Hard ». Si de nombreux autres artistes ont fait référence à ce penseur, George van den Broek nous apprend dans une interview donné à Coup de Main avoir un rapport très particulier avec les discours d’Alan. Il lui arrive d’écouter ses lectures en voiture, retrouvant chez lui toute l’harmonie qu’il recherche dans la médiation. Il confie à ce propos une série d’interrogations sur la vie : « how do you want to live your life? Do you want to be thinking too hard and feel troubled for the rest of your life? Or do

you want to start doing something? Do you want to let go of those things that hold you back and make you feel stuck? Or do you want to take a chance, go out and just live your life? Take what you want, that’s all I’m saying ».


Ainsi, si la musique de Yellow Days est très « accessible » son fond et ses recherches d’idéaux philosophiques renferment une réelle profondeur qu’il faut sonder pour en comprendre tous les secrets.

Premier album : point d’org de sa discographie

Le 18 septembre 2020, le blondinet britannique nous livrait donc son trésor : une tracklist de 23 titres, pour ensoleiller et colorer notre automne, intitulé « A Day In Yellow Beat ». Comme nous l’avons déjà rapidement évoqué, l’une des caractéristiques de Yellow Days s’avère être sa cohérence. Des fortes influences déjà présentes de Mac DeMarco, Ray Charles ou Thundercat posent les bases d’une musique colorée, parfois introspective mais ne sombrant jamais dans un tristesse apparente. Pour découvrir le « Dark side of Yellow Days », il faut se pencher sur les lyrics avec beaucoup d’attention. Mais là, encore bien qu’il traite de sujet parfois très profonds et existentialistes, son talent d’écriture rend l’expérience douce et presque agréable. Il s’agira, ici, d’évoquer quelques thèmes chers à l’artiste qui sont présents de façon récurrente dans ses projets.


Un thème très fréquemment évoqué, qui marque clairement un continuum musical dans son œuvre est l’amour. Si en 2017 dans “Hurt in Love” ou en 2018 dans “How Can I Love You” Yellow Days semble avoir un rapport chaotique à celui-ci, sans cesse tourmenté par ses relations, ou ses déceptions amoureuses, en 2020 il n’en est point. C’est tout d’abord dans son interlude nommée “Mature Love” qu’on découvre un nouveau Yellow Days. Dans cet extrait musical, on entend une voix de petite fille demandant à un adulte ce qu’est un amour mature. A la suite de cela, l’adulte répond qu’il s’agit d’un amour tendre, qui n’est pas égoïste et coopératif. Son premier album se finit sur une note positive à cet égard, puisque Yellow Days explique que si “le soleil se couche tous les jours, il revient également tous les jours” comme si des jours heureux se profilaient à l’horizon de l’artiste.

Dans une interview réalisée en septembre 2020, à BsidesTv, Yellow Days explique que si une grande mélancolie et une véritable tristesse transparait dans son œuvre, cela s’explique par le fait qu’il ait grandi dans une famille britannique au XXIème siècle ce qui constitue, d’après lui, la cause principale de son pessimisme latent. Ce questionnement existentiel imprègne directement la musique de Yellow Days, dès la première chanson de son deuxième Ep, « Bag of Dutch » dans laquelle il dit « I think I feel too much, I think I think too much, and darling that’s not way to survive ». En somme, Yellow Days décrit sa musique comme étant une « upbeat existential millennial crisis music » que l’on peut décrire comme étant une tentative de sa part de donner une réponse musicale au désarroi et à la quête de sens qu’éprouve une partie de la jeunesse occidentale. Ce changement de paradigme, s’observe dans des chansons telles que « Be Free » véritable ode à l’acceptation de soi et à la liberté, qui tranche énormément avec le pessimisme quais obsessionnel de ses anciens projets.


Des innovations flamboyantes

Si l’album s’inscrit parfaitement bien dans la continuité de ses premiers EP, on ne peut néanmoins pas omettre de parler des innovations musicales de l’artiste. Tout d’abord, l’utilisation des synthé, bien qu’elle ait toujours existé est beaucoup plus assumé et psychédélique.


Yellow Days, laisse une place beaucoup plus importante aux synthés dans de nombreux morceaux, dont ils constituent l’instrument principal. C’est le cas dans ses deux interludes « Something Special » et « Come Groove » et enfin dans « You » et « Keeps Me Satisfied » dans lesquelles dès les premiers notes on peut identifier un orgue Hammond B3 ainsi que différents types de synthés donnant une sonorité Funk, Jazz aux morceaux. Ces choix musicaux ne sont pas anodins puisque Yellow Days dit être un grand fan d’Herbie Hancock et Curtis Mayfield, dont on peut ressentir les influences tant dans la basse comme dans l’utilisation des synthés. De plus, au niveau des collaborations, on a droit à un cocktail de rêve. Longtemps fantasmé par Yellow Days lui-même, sa connexion avec Mac DeMarco sur le titre « The Curse » est pourtant tout sauf une malédiction malédiction. Le rythme légèrement lancinant dès l’intro donne une dimension chancelante au morceau. Les légers synthés et les rifs de guitare donnent une impression de flotter dans monde paisible. Mais encore une fois lorsqu’on se penche sur les paroles l’impression est tout autre. Yellow Days confie sa peur et son appréhension du monde dans lequel il vit. Perdu entre les sentiments et la réalité, il cherche à se dégager d’une malédiction mais ne précise pas laquelle ... Et bien cela qui fait le charme et l’intérêt de ce musicien atypique. Il nous livre son ressenti sans trop de précisions et d’explications nous laissant tout le loisir d’y lire ce que NOUS comprenons.




Une multitude d’autres titre méritent vraiment une attention particulière : allant du psychédélique « Keep Yourself Alive » au mélancolique « So Lost » en passant par le hip-hop sur « ! » avec Bishop Neru, en d’autres termes, difficile de s’ennuyer avec cet album! Si Yellow Days, est d’une nature profondément timide et mystérieuse, cet album au travers de sa cover constitue un véritable dévoilement de l’univers de l’artiste. Le titre de son album, lui « A Day In a Yellow Beat », constitue une entrée dans l’univers de l’artiste, son beat, ses émotions et ses pensées. Et si par le passé, les cover de Yellow Days était marquées par une sobriété bien distinguable, l’artiste s’ouvre, aujourd’hui, beaucoup plus. Des colibris, des fleurs, une forêt, des champignons, une oie : tout est là pour découvrir l’univers de Yellow Days. Un détail troublant constitue également les cinq halos de couleur présents au-dessus de sa tête pouvant être interprété comme la manifestation de ses « Yellow Days » jours ensoleillés que l’artiste cherche à nous transmettre au travers de son œuvre et son univers.

Une seule question demeure : qu’attendez-vous pour l’écouter ?

 
 
 

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