Aphex Twin

Par Antoine Goussot

Titre : Selected Ambient Work 85-92

Artiste : Aphex Twin

Année de sortie : 1992

Selected Ambient Work, premier du nom, constitue une introspection totale dans l’univers atmosphérique de la musique électronique expérimentale. Si son auteur, Aphex Twin, est aujourd’hui reconnu comme un pionnier du genre « ambiant » et « « IDM » (Intelligent Dance Music), cet album marqua un tournant profond dans la signification et la perception d’un genre musical alors vulgairement rattaché à la branche de la Dance Music.

Utilisant des techniques de production pour le moins expérimentales, Richard David James, de son vrai nom, nous plonge dans ce que va constituer un socle d’introduction non négligeable à son univers musical, oscillant entre nappes de synthétiseurs planantes et un rythmique saccadé allant du breakbeat aux boucles plus soutenues de la TR Roland 808, caractéristique de la Techno de Detroit. Un autre élément aussi frappant que prémonitoire est l’utilisation quasi perpétuelle de « sub-bass », qui consiste à superposer une autre couche de basse dont la fréquence est inférieure à 60 Hertz, de sorte à amplifier une ligne de basse déjà existante en déca de la perception auditive humaine. Cette technique de production apporte une dimension quasi physique au rendu en y ajoutant une profondeur à l’écoute, s’adaptant parfaitement à l’environnement d’écoute. Si l’ambiant et la musique expérimentale en générale peuvent paraitre assez difficile d’accès par son côté répétitif et parfois lo-fi au niveau des arrangements et du mixage, cet album constitue en mon sens un des productions musicales des plus aboutis tant par le travail de filtrage de toutes les pistes de tous les morceaux que constitue cet album, que l’univers qui en émane.

Le principe de l’Intelligent Dance Music, revendiqué par Aphex Twin, constitue à cet égard une réflexion quant à la nature de la musique électronique, souvent vu comme un moyen quasi cathartique et non comme une fin musicale en soit, comme peuvent l’être la musique classique ou le Jazz. Cette volonté de faire de la musique dite « intelligente » (IDM) permet alors d’élargir la production musicale à un réflexion constante quant à la perception d’une œuvre musical, allant outre la simple écoute. En ce sens, la postériorité de cet album est totale tant par les techniques de productions (Sub-Bass notamment, très présente dans la Trap), certains morceaux maintes fois samplés (comme le morceaux Ageispolis samplé par Die Antwroord) ainsi qu’une profondeur quasi euphorique d’une aventure musicale faisant l’unanimité.