Funkadelic : Une brève histoire de la funk
- Elise
- 8 avr. 2020
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 14 sept. 2020
Vous connaissez tous Kool and the Gang, Earth Wind and Fire et James Brown ? Chemise, George Benson, Chic ? Sly Stone, Bootsy Collins, George Clinton ? Ces noms ont tous un point commun : ils ont façonnés à leur manière la musique funk.
La funk ça fait penser à des coupes afros, aux pantalons patte d’eph, on la confond souvent avec la disco, ou le groove… Laissez moi vous raconter un peu son histoire.
Apparition de la funk
Comme beaucoup de courants musicaux, la funk naît dans les ghettos noirs au milieu États-Unis dans les années 60. Elle serait née dans les bars pauvres de la Nouvelle-Orléans qui ne possédaient d’un seule piano pour distraire leurs clients. Peu à peu la musique se déplace dans les rues de la ville où les premiers musiciens funk construisent un nouveau genre autour de la guitare et de la batterie. Le terme « funk » vient de l’anglais « funky » qui signifie « puant la sueur », une insulte généralement adressée aux noirs par les WASP et reprise ensuite par les artistes du mouvement. La funk se caractérise par la prédominance de la section rythmique avec la guitare, la basse et la batterie souvent couplée avec des cuivres. Pour les connaisseurs, on la reconnaît à l’utilisation du « The One », c’est-à-dire l’appui rythmique sur le premier temps qui est un concept inventé par James Brown à la fin des années 60. L’univers du chanteur est emblématique de la musique noire américaine avec des inspirations venant du gospel, du rythme and blues, de la soul et du rock. Il est considéré comme le parrain de la funk urbaine avec le titre Papa’s Got a Brand New Bag sorti en 1965.
La funk est née.
Popularisation et diversification
Longtemps incarnée par la figure de James Brown, la funk suit l’évolution de la culture afro-américaine tout en long des années 70 et ne touche pas le public blanc avant l’apparition de la disco-funk. Si elle trouve son origine dans les petites boîtes de nuit des quartiers noirs, la funk est popularisée par Commodores, ancien groupe du chanteur Lionel Richie et plus tard par Kool and the Gang et Earth, Wind and Fire qui connaîtront des succès phénoménales.
Le funk se diversifie peu à peu et rencontre d’autres influences pour créer de nouveaux genre comme le jazz-funk dont le style est très proche du jazz classique et de la soul dont les précurseurs sont Stevie Wonder et George Benson.
Exemple : Kool is Back - Func Inc.
Ensuite vient le mouvement disco-funk qui opère la fusion entre les rythmes et les cordes discos et les cuivres caractéristiques de la funk des années 70. Ce genre va très grandement influencer Michael Jackson avec l’album Off the Wall (1979) ou l’album Destiny (1978) au sein des Jacksons Five. Plus tard, les groupes originaires du jazz-funk vont glisser vers la disco-funk à la fin des années 70 comme Kool and the Gang ou encore Chic qui figure parmi les plus grandes icônes du genre.
Exemple : Everybody Dance - Chic ou Disco Inferno - The Stramps
Par ailleurs, à la fin des années 70 l’utilisation de la boîte à rythme, des platines vinyls et des synthétiseurs dans la musique funk affine de plus en plus la technique musicale utilisée. Grâce à ces technologies, les premiers DJ comme Grandmaster Flash se produisent dans les rues du Bronx et inventent les premières techniques de « scratching ». Dès lors, dès le début des années 80 des groupes comme Sugarhill Gang se servent d’une base funk et ajoutent des textes et des rythmiques plus brutes : c’est la naissance du hip-hop.
Exemple : Rapper’s Delight - Sugarhill Gang
Enfin, la funk des années 60 aux accents blues et soul est morte et a laissée place à une vague plus électronique qui va également servir de base à la musique électro avec des groupes comme Midnight Star.
Exemple : Midas Touch - Midnight Star
Funkadelic : un groupe d’anthologie
Mais revenons un peu en arrière… Certains d’entre vous connaissent probablement le chef d’œuvre qu’est Maggot Brain de Funkadelic. Si ce n’est pas le cas, voici le lien, c’est cadeau :
Ce morceau est emblématique de la P-Funk, un genre musical crée spécialement par deux groupes : Parliament et Funkadelic (PF = P-Funk). Les deux groupes sont en fait sensiblement les mêmes et ont tous les deux pour chanteur et fondateur George Clinton.
Alors que celui-ci travaille dans un salon de coiffure dans le New-Jersey au milieu des années 60, il crée le groupe The Parliaments. Le groupe rencontre un certain succès mais le nom est rapidement abandonné à cause d’un problème légal avec les maisons de disques. Parallèlement se crée le groupe Funkadelic qui regroupe la plupart des membres de Parliament comme Eddie Hazel, guitariste de génie que l’on entend sur Maggot Brain. Funkadelic évolue jusqu’à son magnum opus, l’album d’anthologie One Nation Under a Groove sorti en 1978 sur lequel collabore Bootsy Collins, ancien bassiste de James Brown.
Cet album et le single du même nom représentent parfaitement le mouvement de la P-Funk, une base funk aux accents de rock psychédélique alliée à une esthétique et un univers caractéristique du mouvement hippie. Son nom est bien sûr une référence au serment d’allégeance au drapeau des Etats-Unis (« One Nation Under God »). Dans l’une de leur chanson intitulée Grooveallegiance on retrouve ces paroles :
« Pledge a groovallegiance to the funk, the United Funk of Funkadelica ».
Il est vrai que le groupe a crée tout un univers autour de la « galaxie P-Funk » en débarquant sur scène sur un vaisseau spatial pour libérer les humains des forces négatives d’un monde sans funk, d’où le nom de leur tournée « The P-Funk Intergalactic U.S Tour ».
Le groupe Funkadelic reste un des plus influents de la musique funk, leur album One Nation Under a Groove figure sur la liste des 101 disques qui ont changé le monde et est considéré comme l’un des meilleurs de tous les temps.
Tous les titres cités se trouvent dans la playlist Funkity Funk sur le compte Spotify de Musi.EP ! N’hésitez pas à aller l’écouter et à nous donnez vos impressions !
La bise !
Elise
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