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GARE DE FRIBOURG : Départ 20h, Quai A, direction Univers Muddy Monk.

Dernière mise à jour : 14 sept. 2020


À peine entrées dans la salle de spectacle la Gaité Lyrique, temple des bobos parisiens par excellence comme en témoigne la brasserie servant uniquement des Bo buns et bières artisanales, nous voilà plongées dans l’univers de Muddy Monk.

Ce dernier, de son vrai nom Guillaume Dietrich, entre sur scène dans un décor minimaliste reposant sur un fond noir, agrémenté de faisceaux de lumière bleu-rouge-violet, convergeant vers notre bonhomme. Il porte son éternelle veste bleu et blanc, celle conçue pour voyager dans l’espace ou à bord d’un bicycle, la même figurant sur la pochette de son album Longue Ride. D’emblée, on constate que l’ambiance de la salle est intimiste, le public est parsemé dans la grande fosse et la sérénité se lit sur le visage des couples. Sur scène, avance doucement un artiste mue par certaine timidité, une gêne qui se traduit par des mots d’excuse glissés par-ci par-là sans que l’on sache pourquoi. Oui, comme il le dit lui-même dès le début du concert, il ne comprend toujours pas pourquoi des gens continuent à venir assister à ses concerts alors qu’il n’a sorti que quelques EP et Longue Ride, son premier album il y à deçà 2 ans.

Certes, Muddy Monk est atteint de cette maladie, comme une bonne ribambelle d’étudiant.e.s, appelée la procrastination mais elle porte ses fruits si on choisit de se montrer patient.e. Il est issu de la scène fribourgeoise, petite ville suisse située entre Berne et Lausanne, où il va se faire remarquer à partir de 2012 avec ses premières compositions postées sur Soundcloud. C’est ma soeur qui m’a fait découvrir Muddy Monk avec son sample appelé « Sunset ». Ce court extrait relaxant est introduit par un enregistrement qui va servir de ligne directrice au morceau, une voix féminine suave brouillée par la vieillesse de l’enregistrement qui ne cesse de répéter « the Sun...the Sun…. ». S’en suit une boucle avec des clappements de mains et un petit rythme chill en fond. Autrement dit, juste ce qu’il faut pour avoir envie se poser au soleil avec une petite bière sous le coude. Cependant, on constate que jusque là, Muddy Monk ne pose pas encore sa voix sur ses compositions, se restreignant au rôle de « beatmaker » (et il le fait très bien selon moi).

Il faut attendre 2014 pour commencer à entendre sa voix en fond de composition. Il sort son premier EP (en collab avec Ichon entre autre) intitulé Ipanema (conseil : écoutez Ruines, elle introduit proprement ce qui deviendra son vrai style quelques années plus tard// Avenue Montaigne avec Ichon).


Ce premier EP constitue l’étape préliminaire de l’aventure musicale de MM : feat avec des rappeurs et chanteuses, quelques paroles prononcées par Muddy Monk sur des morceaux de 5 min, une ambiance intimiste et nostalgique… Dans cet EP, les émotions qui se dégagent des rythmes/ des paroles s’opposent (radicalement?) à celles de ses premiers essais sur Soundcloud. L’ambition est claire : il veut nous faire voyager, nous faire penser à nos anciennes histoires de love, nous faire voler au dessus des nuages. Pour cela, il va choisir le thème du voyage comme ligne éditoriale.


Le voyage


Le voyage dans son univers commence, d’une part, par des textes courts traitant la thématique des relations interpersonnelles et celle du voyage. Cela se reflète dans le titre de ses morceaux, comme par ex : « Si l’on ride » ou « Drift ». Il faut le reconnaitre, ses textes (quand il est solo sur un morceau) restent relativement simples, et ne servent qu’à pigmenter le beat plus qu’autre chose. Mais sa spécialité de base étant le beat making, on ne l’attend pas spécialement sur la qualité de ses textes mais sur la qualité de ses rythmes.

D’ autre part, le thème du voyage se retrouve dans l’ambiance aérienne, fuyante, lointaine de ses morceaux. Cette ambiance qui lui est bien propre est le concours de sons et bruitages inédits, tels des gouttes de savon explosant sous les doigts gras d’un enfant, de sa voix haut-perchée (vive la fonction reverb), des sonorités tropicales, romantiques et éthérées créées par l’alliance de la boite à rythmes et de son mélodica (piano-flûte). Tous ces éléments ne sont pas sans nous rappeler les morceaux romantiques et nostalgiques de Sébastien Tellier (voir : Look et Roche) qui ont servi de source d’inspiration à notre jeune trentenaire suisse ou bien ceux de Vendredi Sur Mer, une compatriote avare du talk-over, style musical qui mêle électro et rap.

Son « Aventura » musicale va ensuite être pigmentée par des rencontres marquantes avec des beatmakers français tels que Myth Syzer ou Jimmy Whoo et des rappeurs français comme Ichon (son grand pote qui est venu sur scène lors du concert pour chanter « Si l’on ride » pour notre plus grand bonheur). Les textes deviennent plus travaillés, prennent plus de sens auprès de nous et se rapprochent de la terre ferme. De ces rencontres vont naitre un album Longue Ride en 2018 et des morceaux comme « Coeur brisé » ou « le Code », une audacieuse collab entre le bon gamin, la chanteuse Bonnie Banane, Ichon et Muddy Monk. C’est notamment ce morceau qui va permettre à Muddy Monk d’être un peu plus sous le feu des projecteurs. Loin de son cadre habituel, on retrouve un Muddy Monk dans un son plus terre à terre énonçant les difficultés d’un « Boy » à rejoindre sa dulcinée parce qu’il a oublié le code du digicode….

Ainsi, tel un Ninho de la variété pop-rock alternative suisse, Muddy Monk marque peu à peu son empreinte dans différents projets, parfois éloignés de son univers désespéré mais qui permettent de redécouvrir l’artiste sous un autre angle. C’est toujours un plaisir de le retrouver dans un morceau random proposé par l’algorithme de Spotify…


Et si on arrêtait avec le passé et envisagions le futur ?


Concernant son prochain album, rien n’est scellé pour l’instant mais quelques commentaires glissées durant son concert peuvent nous laisser penser qu’il est en route : 2021 sera-t-elle l’année d’une Très Longue Ride ou du Décollage de Muddy? Seul l’avenir nous le dira mais ses sonorités particulières, son style inédit (et sa capacité à me rendre tristoune) lui ont permis de s’assurer une place dans la variété franco-suisse, ce qui ne laisse que présager du très bon.

Pour mettre votre mal en patience, je vous conseille de vous glisser sous la couette afin de vous faire bercer par En Léa / Baby ou bien de prendre votre vieille Corsa direction Chambourcy, avec votre compte Spotify lisant Drift.


P.S 1 : cet article est un petit clin d’oeil à Faustine avec qui j’ai assisté à ce beau concert. Lov

P.S 2 : Dans un élan de générosité, je vous glisse le lien de son Soundcloud : https://soundcloud.com/muddymonk

Juju

 
 
 

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