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Is king Kanye the new Jesus?

  • Mathieu
  • 15 nov. 2019
  • 15 min de lecture

Dernière mise à jour : 14 sept. 2020

A l'occasion de la parution du tout nouvel album de Kanye : "Jesus is king", trois articles ont été écrits par des fervents amateurs de l'artiste. Toutefois, vous retrouverez dans ces articles des critiques constructives qui montrent le travail d'analyse objective fourni par nos rédacteurs, qui ne sont d'autres que vos camarades de l'IEP. Par soucis de transparence et d'esprit démocratique, nous n'avons pas voulu favoriser un article par rapport aux autres, c'est pourquoi nous vous les proposons tous. A vous de lire les trois pour vous faire une vision globale et surtout pour en apprendre le maximum sur ce grand album!



1/ Jesus is King, ou le retour du grand Yeezus


Hallelujah. Après un mois de retard le grand Kanye, que je ne vous présente pas par souci d'efficacité et de productivité (Sciences Po c'est la start-up nation avant tout), sort enfin son nouvel album, sobrement intitulé Jesus is King. Vous avez tous déjà bien évidemment écouté l'album, et si ce n'est pas le cas je vous invite vivement à vous rendre sur votre plate-forme de streaming légale préférée aussi vite que possible afin de découvrir cette merveille.


La pochette de l'album est un vinyle bleu électrique. Le vinyle rappelle la cover de Yeezus où Kanye représente un CD. Le vinyle semble ici être une version améliorée du CD, plus classique, plus traditionnelle, plus noble et plus aboutie. En somme, une valeur sûre. Quand au choix des couleurs, le bleu et le jaune rappellent le christianisme, mais le choix d'un bleu pétrole évoque la modernité et le fait que Kanye s'inscrive dans la pop culture.


Cet album reprend de nombreux éléments de la tradition chrétienne, à laquelle le rappeur et producteur rend hommage. La première track, Every Hour, reprend dans les couplets un hymne de gospel traditionnel. Kanye donne la voix à son propre groupe de gospel, le “Sunday Service Choir” avec lequel il interprète ses morceaux tous les dimanches dans le cadres de mises en scènes impressionnantes. On peut y voir Kanye et son importante chorale dansant et chantant autour d'un piano et d'un orchestre de cuivres. Il y invite fréquemment sa fille et sa femme pour rappeler l'importance qu'il accorde à sa famille. Kanye West a également amené son Sunday Service Choir à Coachella pour une performance iconique. La scénographie du show a une volonté unificatrice, et les chanteurs scandant des chants traditionnels et dansant s'apparentent à des croyants célébrant Jésus dans la joie. Kanye souhaite donc redorer l'image de la religion en la montrant sous son meilleur jour. Il nous initie et insiste sur sa manière de voir la foi comme une fête. La voix de Kanye n'apparait pas sur la première track, laissant place à la chorale pour introduire le thème de l'album (le rapport à la religion) ainsi que ses tonalités gospel et festives. C'est également cette chorale qui apparaitra sur la plupart des morceaux de l'album, scandant exactement 41 “Hallelujah” dans le deuxième son, Selah.


Selah est l'un des morceaux qui comporte le plus de références bibliques, mais également d'auto-références. En effet le rappeur débute en rappelant un morceau de son album The Life Of Pablo intitulé Ultralight Beam, qui est également un morceau où on peut entendre du gospel et qui regorge de références à la religion catholique. Ye se réfère aussi à « Yandhi », un surnom qu'il s'est donné en référence à Gandhi (construit sur le même mode que « Yeezus » avec « Jesus »), et qui est aussi un album qui devait sortir mais dont le projet a avorté. Ensuite Kanye, connu pour son humilité, se compare à la figure de Noé, s'identifiant à lui du fait des moqueries et critiques qu'ils reçoivent tous les deux. Enfin, le chanteur se réfère plus précisément aux évangiles de Saint-Luc et Saint-Jean, et affirme être le descendant d'Abraham, figure majeure de l'Ancien Testament.


Ensuite, sur Follow God, Kanye fait également un clin d'oeil à The Life of Pablo dans lequel figure le son “Father Stretch my Hands” en deux parties. Le troisième morceau de Jesus is King commence en effet avec la phrase “Father I stretch my hands to you”, qui ponctue aussi les couplets. Ici, le roi du sample utilise une track de Whole Truth sortie en 1974 intitulée Can You Lose By Following God. Dans Follow God, Kanye met l'accent sur l'éducation religieuse qu'il a reçue, puisque son père souhaitait qu'il prenne exemple sur la sagesse et le calme de Jésus.


Nous arrivons au quatrième morceau, qui est pour l'instant le plus streamé : Closed On Sunday. Autrement dit, la pièce phare de l'album. Kanye rappelle ici un concept important dans la tradition chrétienne, qui est le caractère saint du dimanche, puisque dans la Genèse c'est le jour où Dieu se repose, mais pas seulement puisque l'importance de ce jour est rappelé dans d'autres passages de la Bible. Le dimanche étant un jour de réunion pour la famille, Kanye insiste sur cette valeur et l'affection qu'il porte à sa famille, notamment sa fille. Le rappeur souhaite également donner une éducation religieuse à ses enfants. Kim Kardashian avait d'ailleurs posté sur Instagram des photographies de leurs baptêmes. Néanmoins dans Closed on Sunday Kanye revient sur sa décision de quitter Instagram, mentionnant implicitement les dangers des réseaux sociaux et sa volonté de conserver sa vie privée. Kanye termine la chanson avec un couplet particulièrement touchant et solennel dans lequel il affirme sa volonté de dédier sa vie au Christ, ce qui le rend spirituellement plus fort face à l'adversité.


Avec On God, Kanye revient à des sonorités beaucoup plus synthétiques qui constituent aussi une grande partie de sa discographie. Le morceau est produit par Pierre Bourne, qui a notamment produit pour Travis Scott, Playboy Carti, 21 Savage, Lil Yachty ou encore Lil Uzi Vert. En plus du thème de l’allégeance à Dieu, Kanye introduit aussi un message politique, visant à l'abolition de l'amendement 13, qui établit une exception à la fin de l'esclavage, à savoir le fait qu'il peut être exercé comme punition à un crime ; cela fait écho à la proportion importante de prisonniers noirs comparée à celle des blancs (cinq fois plus). Il adresse également un message de soutien aux prisonniers et les invite à ne pas perdre espoir.


Le sixième morceau, en featuring avec Ty Dollar $ign et Ant Clemons, s'appelle Everything We Need. Ici ils racontent un voyage métaphorique de découverte et de persévérance en affirmant leur reconnaissance à Dieu, avec des refrains qui s'apparentent à du gospel mais des couplets de rap dynamiques qui contrastent.


Ant Clemons figure également sur le morceau suivant, Water, qui fait référence à l'eau utilisée lors du baptême de Jésus et de tous les croyants par la suite. L'eau est un symbole de pureté et de propreté : elle purifie non seulement les corps mais aussi les âmes et les relations humaines. Ce qui est recherché est aussi la transparence caractéristique de l'eau. Kanye nous livre aussi une jolie anaphore avec « Jesus » qui apparaît comme une réelle prière.


La track suivante, intitulée God Is, dont l'esthétique et la voix rappellent l'album My Beautiful Dark Twisted Fantasy, sample une chanson gospel datant de 1979. Le morceau commence avec une phrase qui oppose deux extrêmes pour souligner le caractère salavateur de Dieu (« my light in darkness »), puis enchaîne sur une phrase d'autant plus hyperbolique (« he's my all and all »). Le thème de la spiritualité est donc central, mais sur un mode musical beaucoup plus soul que sur les précédents morceaux.


Hands On, en featuring avec Fred Hammond, chanteur de gospel, s'apparente musicalement à l'album Yeezus, aux sonorités très électroniques. Les mains dont parle Kanye sont celles des croyants qui s'ouvrent pendant les prières. Le couplet de Kanye commence avec « Cut out all the lights, He's the light », ce qui marque une rupture avec sa recherche de gloire et de lumière, qu'il exprimait notamment dans My Beautiful Dark Twisted Frantasy avec All of the Lights. Il souhaite dorénavant se tourner vers une lumière plus allégorique, celle du Christ. Il veut se détacher de l'existence qu'il a vécue jusque là, faire une « grève » contre le diable. Il réintroduit des revendications politiques en mentionnant une deuxième fois le 13ème Amendement et en parlant de la condition des afro-américains qui vivent dans la peur de se faire arrêter (« What you doin' on the street at night? Wonder if they're gonna read your rights »).


L'avant dernier titre, Use This Gospel, est très solennel. Avec ce titre, Kanye introduit une comparaison entre son album et les Evangiles. Le morceau a également été produit par Pierre Bourne. On y entend Kanye sur un mode de chant très lyrique. Pusha T, qui figurait déjà sur Runaway dans My Beautiful Dark Twisted Fantasy, rappe un couplet. L'instrumentale est brute, expérimentale et progressive. D'abord seulement une unique note de piano jouée à répétition, puis un solo de saxophone joué par Kenny G. et enfin l'introduction d'une boucle avec des percussions et une voix. Cette montée en puissance se veut probablement représentative du parcours spirituel parcouru par Kanye et décrit à travers l'album. Il invite l'auditeur à suivre le chemin de la foi et de la sagesse en utilisant ses paroles.


Le dernier morceau est aussi le plus court. Jesus Is Lord dure moins d'une minute et constitue une brève conclusion. Parmi les producteurs, on retrouve Timbaland, qui est bel et bien vivant et même très actif en terme de production, bien qu'il ait assez rapidement mis fin à sa carrière en tant que rappeur. Sur un fond d'orchestre de cuivres, Kanye termine en chantant un ode à Jesus.


Malgré une durée très courte pour un album (27 minutes), Jesus Is King est donc un album très dense au niveau du contenu, et très abouti du point de vue du thème choisi. En effet Kanye explore avec précision sa religion et la Bible, même s'il s'inscrit aussi dans une démarche politique dans certains morceaux. Cet album semble marquer un tournant important dans sa carrière. Kanye annonce avoir trouvé une sorte d'équilibre, de paix intérieure, et souhaite partager ce bien-être en donnant ses clés à l'auditeur de l'album. Sa démarche évangéliste est orchestrée avec harmonie, et la diversité musicale que nous offre Kanye est un véritable coup de maître. Il nous invite à le suivre dans un voyage spirituel vers la rédemption et la sagesse de l'âme.

L'album est aussi accompagné d'un court-métrage expérimental portant le même nom, qui est une prolongation de son projet artistique et spirituel, dans lequel il se réapproprie la tradition chrétienne sous un angle conceptuel.


Si vous êtes curieux, je vous encourage fortement à aller découvrir cet album et plus largement la discographie de Kanye West, qui a su s'adapter à son temps en innovant à chaque nouveau projet. Son perfectionnisme et son inventivité lui permettent de se réinventer tout en restant très technique et cohérent.


Par Kenza BELKADI




2/ Jesus Is King, Baptême de retour pour le repenti Kanye West ?


ENFIN. APRÈS AVOIR MIS LA PATIENCE DE SES FANS À RUDE ÉPREUVE, KANYE WEST NOUS ECLAIRE DE SA LUMIÈRE DIVINE, JESUS IS KING DESCEND SUR TERRE.


Alors qu’il ne faisait parler de lui que pour ses frasques et débordements, Yeezy est de retour au premier plan. Tandis que Yandhi devait initialement sortir, c’est en fait une ode au Seigneur que nous offre tonton Kanye, comme il le résume dans « Selah » :“Everybody wanted Yandhi, then Jesus Christ did the laundry”.

Avec des références directes au Nouveau Testament, Jesus is King s’affirme comme un véritable dithyrambe, oscillant entre le rap « diabolique », et le « saint » gospel. Le mégalomane qu’est Kanye West admet pour une fois la supériorité d’un autre, what a time to be alive.

Ce dévouement ne date cependant pas d’hier. Depuis le début de l’année il enchaine chaque dimanche ces fameux Sunday Services, suscitant de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux : incompréhension, admiration, virulentes critiques.Il s’agit en tout cas ici d’un revirement surprenant aux antipodes de ce à quoi Kanye West nous avait jusqu’alors habitué.


Aux allures de cérémonies sectaires, il s’agit en fait de concerts religieux durant lesquelles le principal intéressé joue ses nouveaux sons ainsi que ses plus célèbres, le tout accompagné d’un groupe important de musiciens et de chanteurs, dans des rythmiques originales. On peut ainsi supposer qu’il s’agit d’un moyen d’expier ses pulsions, surtout lorsque que l’on connait le passé de l’homme. Entre séjour un hôpital psychiatrique, une libido digne de Rocco et un égo surdimensionné, la démarche fait sens. Mais entre véritable quête spirituelle et stratégie marketing, où se situe vraiment Kanye ? Ne serait-ce pas là un simple moyen de retrouver les bonnes grâces de son public ?


Kanye de retour, un vrai renouveau ?


S’il fallait trouver un adjectif pour présenter Jesus Is King, il est clair que ce ne serait pas sulfureux. Et pourtant, Yeezy a un historique long comme le bras de frasques pour le moins clivantes. Alors que ce dernier se veut partisan de Satan dans My beautiful dark twisted fantasy, il s’auto-proclame God dans Yeezus, rien que ça.

Avec une ligne éditoriale pour le moins lunatique et une direction artistique plutôt antithétique d’un album à l’autre, on a toujours autant de difficulté à distinguer ce qu’il se cache derrière le sulfureux personnage.

Mais les choses ont changé depuis son précédent album YE, considéré par un certain nombre comme le plus mauvais de sa discographie. Exit chaos et polémique comme il les maîtrise à la perfection, place maintenant au renouveau et à l’apaisement. En ce sens, aucune vulgarité ne s’infiltre dans cet album, qui n’irritera que les sens des athées. Anticléricaux, bouchez vos oreilles ou faites un tour sur CNews pour vous désaltérer en laïcisme, Kanye n’a cette fois pas écrit pour vous.Certes le lien avec le christianisme a toujours été un affluent artistique fort, comme le démontre Jesus Walks, mais rien n’est comparable à ce dernier album, que l’on ressent comme beaucoup plus spirituel. Expliquant avoir vécu une renaissance en ouvrant les bras au divin, le Kanye West fracassant et obscur de Yeezus laisse ici place à son double angélique. Peut être s’agit-il d’une excuse envers le divin, dans sa quête de rédemption, ou alors tout bonnement la simple expression de la dualité intrinsèque du gémeaux qu’il est.

Dans ce but, le chef d’orchestre est accompagné d’un alliage détonnant mélangeant rap et gospel, transcendant un album manquant de profondeur en termes de lyrics, et l’on reste parfois un peu sur sa faim, comme un sentiment d’inabouti.

Kanye, si l’on veut lire des passages du Nouveau Testament, on ouvre une Bible, on n’écoute pas ton album.

Malgré tout, les émotions sont la, puissantes et l’auditeur a le droit à de sacrés moments de grâce. Et ça, on le doit en grande partie à la puissance du Gospel, qui lui permet de s’élever dans les cieux. Peut être est-ce là une volonté de se rapprocher du divin… Mais n’est-ce donc pas là le but principal de Jesus Is King ?


Un très bon album qui montre les limites actuelles de Kanye


La pochette annonce la couleur, avec ce vinyle d’un bleu royal transpirant la bienveillance. Un bleu bien loin d’être hasardeux, puisque c’est la couleur que l’on attribue communément à la Vierge Marie.

Positif et motivant, voici les maîtres mots à l’écoute de ce nouvel album.

Démarrant en trombe dans « Every Hour » avec un gospel transcendant, plusieurs morceaux laisse parcourir quelques frissons. Que ce soit la déclaration d’amour « God Is », le mystérieux « Closed on Sunday » ou encore l’excitant « On God » sur lesquels on retrouve quelques saveurs du bon vieux Yeezy; on est ici confronté à une vision musicale et artistique plurielle, à laquelle Kanye nous a toujours habitué. Son excellence musicale n’est en effet pas a remettre en cause au regard de Jesus Is King, surtout a la vue de certaines instrus élevant l’album a de vibrants sommets. Mais il y a un mais.

En effet, il ressort une sensible carence au niveau des lyrics. Les couplets sont peu inspirés et empruntent jusqu’à l’usure un discours sur l’amour du Christ et la foi.

Qu’est-ce qu’un « Selah » face au grandiose « Ultralight Beam » sur The Life of Pablo ? Néanmoins, le gospel revigorent et apportent une grande fraicheur, de même que les différents invités sur cet album, en témoigne « Use this gospel ». Véritable innovation musicale, il réuni le saxophoniste Kenny G (dont le solo est savoureux), la Bible, et le duo qui a fait frémir les années 2000, Clipse. Ces deux membres, Pusha T et No Malice ne faisant plus de musique ensemble, Kanye a eu l’idée folle de les réunir. Le résultat est aussi beau que la symbolique. Enfin, la clôture sur « Jesus is Lord » nous laisse sur notre faim.

Un morceau bien trop court, qui dispose pourtant d’un potentiel exponentiel inexploité, à l’image de l’album.


Acoustique et vivant, Jesus Is King est une ode à la religion, mais aussi à la vie. Très plaisant sur la forme, avec des mélodies d’une grande qualité, le fond est paradoxalement plus en retrait. Peutêtre que les attentes autour du personnages sont trop élevées, après tout il est difficile d’atteindre les sommets qu’il a pu atteindre ces dernières années.Le Saint Kanye rencontre quelques difficultés à asseoir sa crédibilité d’évangile, malgré tous les parallèles entre Jésus et Yeezus. Quoiqu’il en soi, pour Kanye, après nous avoir habitué au cieux, le chemin vers l’apothéose semble être une douce redescente sur Terre. « I am God » n’est finalement qu’un homme, et rien d’autre.


Par Adonis Leroyer et Yasmine Samira




3/ Jesus Is King, l’album de la rédemption pour Kanye West ?


Les fans l’ont attendu, il est enfin là ! Le 9ème album studio de Kanye West, intitulé « Jesus is King » est sorti ce vendredi, avec plus d’un mois de retard sur la date initialement annoncée. Habitué des retards et des galères de dernière minute (la pochette de son précédent album Ye était une photo qu’il avait pris le matin même de la sortie), Kanye s’est même permis de faire patienter ses fans quelques heures de plus, le temps de finir le mix de certains titres.


Alors, que faut-il attendre de cet album ? Comme son nom l’indique, Jesus is King est un album clairement orienté vers la religion. Il l’a d’ailleurs annoncé dans son interview avec Zane Lowe (pour ceux qui ont 1h54 devant eux : https://www.youtube.com/watch?v=QuOCvKvrwI8) : Kanye West se consacre maintenant presque entièrement à la spiritualité. Hospitalisé en 2016 alors qu’il était dans une période de doute et de déprime, il a expliqué que sa croyance et son attachement religieux lui avaient permis de sortir de cette mauvaise passe. Si elles sont de plus en plus revendiquées et assumées, les influences religieuses ne datent pas d’hier pour l’artiste de Chicago, qui aime à se comparer à Dieu sur des titres comme « I’m a God » sur Yeezus en 2013, ou à utiliser des sonorités gospel sur « Ultralight Beam » dans The Life of Pablo en 2016. Cependant, ce nouvel opus marque un véritable tournant dans la carrière de Kanye, puisque ce dernier ne se considère plus comme un rappeur, qu’il a qualifié de « musique du diable ». Ainsi, la mention « Parental advisory explicit content » signalant tout contenu explicite ou violent est totalement absente de l’album, chose qui serait difficile voire impossible dans un album de musique populaire à l’heure actuelle (à titre de comparaison, dîtes vous que 9 titres sur 12 dans l’album d’Ariana Grande ont la mention Explicit Content).


Jesus is King est un donc un album qu’il faut plus considérer comme un album de gospel qu’un véritable album de rap. Cela se vérifie directement au nom des 12 titres qui composent l’album, de Selah (nom donné à une interlude musicale dans la Bible), à On God, en passant par Use this Gospel ou Jesus is Lord. Au niveau des invités, on retrouve une influence hip-hop avec la présence de Ty Dolla $ign sur Everything We Need et Clipse sur Use This Gospel ainsi que du producteur Pi’erre Bourne sur le morceau On God, mais aussi et surtout une influence musicale religieuse très marquée avec le saxophoniste Kenny G sur Use This Gospel, les chanteurs de gospel Fred Hammond sur Hands On et Ant Clemmons sur Everything We Need et Water, ainsi que le Sunday Service sur l’introduction Every Hour. A l’étude de la tracklist, une chose est frappante : malgré 12 morceaux, le projet ne dure que 27 minutes ce qui ne fait en moyenne que des titres de 2 minutes. On est prévenu : le 9ème album de Kanye West s’annonce conceptuel…*


Mais rentrons dans le vif du sujet : que vaut Jesus Is King ?


Clairement, si vous êtes un grand fan de Kanye West et que vous écoutez Jesus Is King pour retrouver des performances incroyables de de l’artiste, vous ne serez déçus. Ainsi, si l’aspect rap de la musique de Kanye n’est pas oublié, notamment sur des morceaux comme On God ou Use This Gospel, les performances du natif de Chicago sont globalement assez décevantes, et peuvent tomber dans la facilité ou la lourdeur lyricale. L’exemple le plus frappant est la looooooongue énumération de 25 secondes sur Water à la gloire de Jésus, qui paraît très redondante et peu subtile. Ainsi outre des couplets édulcorés à la gloire de Dieu, cet album est très peu intéressant d’un point de vue des paroles.

Par contre, si vous mettez vos écouteurs (ou vos AirPods pour les plus riches d’entre vous) pour écouter un album cohérent et bien ficelé, ou simplement si vous ne comprenez pas l’anglais ; vous pourrez y trouver votre compte. Car si Kanye West n’est plus le rappeur fougueux et téméraire qu’il a pu l’être sur My Beautiful Dark Twisted Fantasy (allez écouter cet album, c’est une masterclass de A à Z), il n’en reste pas moins un artiste génial. C’est ainsi par sa clairvoyance artistique et sa capacité à mener un projet musical que Kanye brille sur Jesus Is King. L’album est très cohérent dans l’ensemble, et les passages rappés s’incorporent assez bien sur un fond global de gospel et de soul. En s’appuyant sur le côté universel et intemporel de ces genres musicaux, l’artiste arrive à installer un fil directeur qui fait que l’on se prend à écouter le projet de bout en bout. Les ambiances, qu’elles soient épiques et tonitruantes sur Selah, plus douces sur God Is, ou plus actuelles sur On God se succèdent sans accroc et sans dénaturer la sonorité globale de Jesus Is King. Et si l’ambiance est homogène, certains morceaux sortent clairement du lot comme les magnifiques Closed On Sunday et God Is, qui rappellent à quel point Kanye est fort quand il pousse la chansonnette, ou Use This Gospel, où le duo Clipse livre le meilleur couplet de cet album, ponctué par le saxo de Kenny G.

Finalement, on ressort de cette expérience après avoir passé 27 minutes agréables, avec des sonorités assez ouvertes et variées, mais pas nécessairement miraculeuses. Cet album n’est pas forcément un album dont on se souviendra dans sa discographie, mais reste un bon album de Kanye West en 2019, et présente l’avantage d’être relativement différent, dans sa démarche et son format, à ce qui se fait aujourd’hui sur la scène hip-hop. Surtout il vient un peu redresser la barre après Ye en 2018, qui était plus que moyen, voire même clairement nul.



Jesus Is King marque la dernière évolution d’un artiste qui est en constante mutation, et qui a tendance à être très clivant. Lui qui déchaine les passions depuis plus d’une décennie maintenant, il ne fait aucun doute que ce nouvel opus va encore une fois avoir son lot de critiques positives comme négatives. Kanye West a tendance à monopoliser l’attention, que ce soient pour sa relation surmédiatisée avec Kim K, pour ses phrases polémiques (il rend fou), pour ses chaussures, ou pour sa musique. Alors que vous ayez aimé ou non cet album, on est loin d’en avoir fini avec Kanye : il a déjà annoncé le prochain, Jesus Is Born pour le 26 décembre…



Par Mathieu Porcher



Merci à toi si tu as lu jusqu'ici car tu as récompensé le travail méticuleux de nos grands analystes musicaux <33


 
 
 

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