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Otis Redding, the King of Soul

  • Victor
  • 18 oct. 2019
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 14 sept. 2020

Par Victor Simon


Pour commencer je n’ai pas peur de citer Johnny Hallyday car oui c’est bien Johnny qui disait « La soul, c'est l'interprétation, exprimer et faire ressentir une émotion. Comme James Brown, Otis Redding ou Ray Charles. Je ne sais pas pourquoi je chante de telle ou telle façon, mais je chante ce que je ressens. Ça s'entend, c'est tout. Je ne peux l'expliquer. C'est ça, la soul ». Bien que mon propos se concentre sur Otis Redding, cet article a aussi pour but de remettre la soul au gré du jour et de redorer son blason afin de lui rendre hommage. Un style musical marqué par l’histoire, la culture afro-américaine et des talents bruts. Bien sûr j’aurais pu parler de Ray Charles, Barry White, Ella Fitzgerald, Nina Simone ou encore Curtis Mayfield. Cependant, c’est le choix du cœur qui me pousse à rédiger, non un article mais littéralement une ode, pas seulement à Otis mais aussi à la soul dans son entièreté. Ainsi, pardonnez-moi d’avance, chers lecteurs lectrices, une certaine forme de subjectivité que je qualifierais de très forte, voir presque propagandiste.


Parce qu’il n’est jamais facile de dresser le portrait d’un roi, autant commencer par les informations les plus objectives. Otis Redding est née à Dawson en Géorgie en 1941. Issu d’une famille pauvre, il se tourne vers la musique très jeune en chantant dans un gospel (inspiration forte de ses morceaux futurs) et en jouant de la batterie. Musicien de talent, il apprend à jouer de la guitare et du piano tout en continuant à chanter dans des bars ou à la radio locale. Repéré par le bluesman Johnny Jenkins, il signe dans le label Capricorn de Phil Faden. Du fait de la ségrégation raciale, Otis est engagé dans le groupe des Pinetoppers en tant que voiturier ! Cependant, son talent est tel qu’il devient rapidement chanteur principal du groupe et enregistre seul, dans les studios de la Stax, « These Arms of Mine » (1962). Ce morceau est une révélation pour Otis qui enchaine les tournées avec son groupe et accède au top 20 du classement des ventes Rythms and Blues. Il faudra attendre 1964 pour la sortie du premier album intitulé « Pain in my Heart ». S’en suit alors un succès fulgurant avec des tops titres tels que « Mr. Pitful », « I’ve been loving you too long », « I’ve got Dreams too Remember » et bien sur « Try a little tenderness », un chef d’œuvre tant bien sur le plan technique qu’émotionnel. Malheureusement, comme l’a dit un grand philosophe (Booba) : « les meilleurs partent en premier », the King of Soul décède dans un crash d’avion en 1967. Même mort, Otis perpétue son génie puisque parait un an après le titre post-mortem « (Sittin’On) the dock of the bay ». Ce titre remporte 2 Grammy Awards et se vend à 1M d’exemplaires. Cette balade sur la baie de San Francisco est un condensé de l’incroyable talent de l’homme aux « larmes dans la voix » avec un rythme parfaitement dosé contrastant avec des crescendo forts et rigides. Je ne parlerai même pas des nombreuses reprises à succès qu’a fait Otis telles que « Satisfaction » des Rollings Stones, « Shake » de Sam Cooke ou « My Girl » de Smokey Robinson ni même de ses nombreuses collaborations, bien qu’un clin d’œil s’impose pour « Respect » un feat avec Aretha Franklin.


Mais pourquoi cet homme considéré comme le plus grand chanteur de l’histoire de la soul, ne connait qu’une notoriété moyenne auprès du public de nos jours ? Il semblerait que la soul comme le blues ou le jazz d’ailleurs, n’a pu être que le marqueur d’une époque et d’une culture. En effet, il n’est pas faux d’affirmer que cette musique issue de la culture afro-américaine a longtemps été considérée comme une sous-culture propre aux personnes de couleur noire. Peu diffusée, peu partagée, la musique afro-américaine a dû se battre pour avoir le peu de reconnaissance qu’elle a réussi à acquérir. La soul a été un instrument principal de contreculture qui a permis aux jeunes de la communauté afro-américaine de contester la ségrégation raciale, qui a pu se traduire chez les blancs par l’envahissement du rock sur la scène musicale par exemple. C’est grâce à des phénomènes comme Sam Cooke, Ray Charles ou Otis Redding que cette musique a pu petit à petit croitre et prendre de la place dans la scène musicale des années 60 et 70. Cependant, la réalité commerciale et concurrentielle a rapidement repris le dessus et la musique afro-américaine a rapidement disparu dans le capharnaüm musical en perpétuel changement. Pourtant, il faut retenir que la soul est la musique qui a fait danser les blancs. Un son tellement entrainant, un funk dévergondé qui pousse le jeune américain blanc du Connecticut des sixties à acheter un vinyle de Salomon Burke au départ juste pour défier l’autorité parentale, pour finalement être au premier rang d’un concert des Jackson Fives. Par ailleurs, au grand dam de certains, il faudrait un jour accepter le fait que la musique afro-américaine à jouer un rôle considérable dans l’histoire non seulement musicale mais aussi politique et sociale. Malheureusement, il ne reste aujourd’hui que des bribes de cette musique dans les mémoires collectives, preuve indéniable que la soul a été victime de son temps.


Mais trêve de catastrophisme, il reste heureusement des vestiges pour se souvenir de cette musique dont je me fais l’immuable défenseur. Pour ceux dont l’écoute de la soul n’est pas vraiment votre truc, ne vous inquiétez pas, l’héritage artistique du « King O » se retrouve dans divers styles. En effet, certains artistes ont eu le courage et l’audace d’honorer Otis à leur manière. Pour les amateurs de rocks, les Doors ont chanté « Runnin’Blue », le groupe français Magma a chanté « Otis », les Black Crowes ont repris « Hard to handle ». Pour ceux plus penchés sur le rap, sachez que Jay-Z et Kanye West ont eu l’audace de produire le morceau « Otis », un rap sur un fond remixé de « Try a Little Tenderness » qui donne un résultat très original et bluffant. Pour la petite anecdote, sachez que A$ap Rocky a repris « (Sittin’On) the dock of the bay » dans l’émission Like a Version d’une radio australienne l’année dernière.


En ce qui me concerne, je retiendrai d’Otis une voix exceptionnelle qui réussit à entrer dans les veines en même temps que les vibrations des cordes de la guitare et des notes de trompette. Un voix rugueuse, grave et à la fois sensible qui réussit à diffuser ses joies, ses peines et ses aspirations… Une musique qui peut faire danser et faire pleurer, une musique qui peut partager et se partager. Otis fut un digne serviteur de la soul en perpétuant la mission principale de cette dernière (éponyme donc logique), à savoir toucher les êtres au plus profond de leur ÂME.


Il ne me reste plus qu’une chose à vous dire. Bien que n’en déplaise à mon ami Suavecito, il n’y a pas plus noble que la soul. S’intéresser à la soul, ce n’est pas seulement écouter des chanteurs et musiciens de génie. C’est aussi s’intéresser à une histoire, à une communauté et à un instrument de contre-culture. Je ne saurai plus que dire sur Otis à part que je le considère comme l’un des plus grands chanteurs de tous les temps et ce n’est pas parce que je rédige cet article avec « Nobody Know You » en musique de fond que je l’affirme (peut-être un peu en fait). Alors, faites-moi plaisir chers lecteurs lectrices, une fois cet article lu jusqu’à la fin, prenez une enceinte, mettez au hasard un son d’Otis, fermez les yeux puis SAVOUREZ.


Victor SIMON



Sources:

Frederic Adrian, Otis Redding, 2013, Paris, Le Castor astral

Peter Guralnick, Sweet soul music, 2016, Paris, Allia

Florent Mazzoleni, L’odyssée de la Soul, 2010, Paris, Hors collection

Les nuits de France Culture, Otis Redding, l’homme aux larmes dans la voix, 2016, France Culture


 
 
 

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