SPLIT, les faces cachées de Josman
- Valentin
- 30 mars 2020
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 14 sept. 2020
Retour sur SPLIT, le nouvel album de Josman sorti ce mois-ci.
Un broyé, c’est peut-être le terme qui peut le mieux qualifier la mentalité de Josman dans ce nouvel album. Une mentalité aux multiples facettes et humeurs, toutes teintées de ses vices, obsessions et idées noires. Alors, fait-il parti de ces êtres les plus évolués ? A-t-il réussi à utiliser ses vices pour montrer qu’il n’est pas comme les autres ?
Ainsi, le 6 mars 2020, le 2ème album studio du rappeur Josman aux paroles mélancoliques et torturées a vu le jour.
Intitulé SPLIT en référence au long-métrage du réalisateur M.Night Shyamalan et composé de 23 morceaux à l’image des 23 personnalités de son personnage central, Kevin Wendell Crumb ; le rappeur de 27 ans originaire de Vierzon dans le Cher n’en est pas à son coup d’essai. En effet, cet album fait suite à J.O.$ sorti en 2018 (disque d’or avec plus de 50 000 exemplaires vendus) et à trois mixtapes : Echecs positifs (2015), Fly Pack (2015) qui marque le début de sa longue coopération avec le beatmaker Eazy Dew et le réalisateur de clip Marius Gonzalez, Matrix (2016) et 000$ (2017). Réellement actif sur la scène rap depuis 2013, il remporte en 2015 le concours d’improvisation de rap Ready or Not puis participe à l’émission Masterclass durant laquelle il impressionne Orelsan, mais c’est en 2016 que sa carrière prend un tournant avec le succès de son titre « Dans le vide » qui lui ouvre un plus large public.
Entre souffrance intérieure et peine de cœur, sexe et amour, SPLIT est un éventail de ses sentiments et d’après ses dires, des personnalités du rappeur. Mais Josman ne se confie pas seul, il invite pour la première fois sur son projet cinq autres artistes : Seth Gueko, Hamza, Leto, Zed et Chilly.
Dès le début de l’album Josman verse ses Larmes de sel avec une voix presque haineuse et des paroles qui font directement écho à ses thèmes de prédilections « J’verse des larmes de sel quand j’vois les âmes se perdre ». C’est d’ailleurs cette phrase qui ouvre l’album. Josman lutte, travaille pour que son art soit reconnu au sein d’un monde déchainé qui se meurt et où les âmes se perdent.
Ainsi, le premier morceau peut être perçu comme un résumé de l’ambiance de l’album et de la mentalité de l’artiste « Des idées noires qui me trottent, mes démons me traquent, j’ai le cœur en vrac ». Le travail est essentiel comme il le dit dans Bon.Char pour pouvoir toucher l’argent, le cash et la Mallette (les prods des deux morceaux fonctionnant en continuité) dont il parle tout au long de SPLIT. Toutefois, il souligne dans Feu.Bi que son objectif n’est pas de plaire à tout le monde « Bats les couilles, j'vis pas pour plaire, nan, sinon j'vais m'perdre » mais que sa réelle obsession est de « faire du feu.bi » justement.
Le monde, Josman préfère s’en isoler et rester dans sa Petite Bulle « J'fuis le monde, j’m'enferme et j'm’isole ». Ce n’est qu’en allumant son premier joint qu’il perce cette bulle ou du moins nous fait entrer à l’intérieur. C’est ainsi dans l’Illégale qu’il parvient à se confier, à se calmer, à s’échapper et commence à ne plus calculer ce qui l’entoure « J'fume la weed illégale pour me mer-ca ». Il met alors la lumière, dans J’allume, sur ses défauts, sur le fait que son art et sa mentalité sont perfectibles « J'suis loin d'être parfait, j'sais, j'l'assume, Mon Dieu, j'ai beaucoup trop d'lacunes ». Dans Mauvaise Humeur, qu’il évoque avec Leto, leurs deux voix se confondent presque en une seule, une haine qui est liée aux nombreux obstacles, aux nombreuses épreuves qu’il a dû affronter pour arriver là où il est aujourd’hui. Des épreuves qui ont alimenté sa colère et sa rage et l’ont rendu avec Zed « All Black comme Bruce Wayne » mais aussi désespérément Seul « Très souvent quand j'suis seul, souvent je pense, j’ai l'seum ». Toutefois, il essaye de s’améliorer, seul moyen de survivre dans ce monde à l’image de Bambi « J'suis né dans la nature, j'apprends sur le tas et j'survis comme Bambi ».
Aux premiers abords, brut dans ses relations avec les femmes, Josman est en réalité un romantique, aux paroles aussi douces que dures. Il débute en décrivant ses relations comme simplement sexuelles, sans aucun sentiment. Il perçoit les femmes qu’il a connu, comme il le dit avec le Sauce God Hamza, comme des B!tch. Mais cette mentalité de Josman s’estompe au fur et à mesure de l’album pour s’orienter vers une personnalité douce, amoureuse, protectrice et sincère, la Bitch devient sa BabyGirl « Babygirl tu sais sans toi c’est plus la même / Dans mon cœur ça pue la merde quand je me dis que t’es plus la mienne ». Mais malgré cela, son Lifestyle ne lui permet pas de forger une relation durable « Baby tu sais bien que j’ai pas le time, tu connais mon lifestyle ».
L’Argent, Drogue & Sexe sont les vices qui le freinent, qu’il n’arrive pas à guérir et le joint est une solution Factice comme toutes les vérités qu’il semble nous avoir partagé jusqu’ici. En effet, dans Si tu savais, il avoue que fumer le fait replonger et que ses démons, ses idées noires ne partent réellement jamais et restent ancrés dans son crâne. Il apparait donc perdu dans ce monde qu’il déteste et en vient même à qualifier sa vie de mélodrame dans Je Sais, son aux sonorités afro révélant une nouvelle personnalité. Le bonheur est alors pour lui une notion lointaine et intouchable comme il l’affirme dans A notre âge « Chercher le bonheur dans ce monde de merde c’est comme s’accrocher au vent ».
Au final, il préfère dire STOP! et s’éloigner de ce monde qui attise ses vices. Il se calme sur une mélodie au piano affirmant qu’il doit s’affranchir de son passé pour se créer un futur meilleur.
Dans le long-métrage SPLIT, le personnage de Kevin Wendell Crumb cache une vingt-quatrième personnalité appelée La Bête. Cette personnalité est la plus puissante de toute mais aussi la plus violente et la plus sauvage. Ce deuxième album de Josman pourrait être perçu comme l’accomplissement artistique du rappeur et sa vingt-quatrième personnalité pourrait être celle d’un rappeur à la plume ultrasophistiquée et à la technique encore plus maîtrisée à l’image des pouvoirs surhumains de La Bête dans le film de M.Night Shyamlan.
Cet album est sans aucun doute celui où Josman se confie le plus. Même s’il est possible de lui reprocher la longueur du projet et le côté parfois répétitif des thèmes abordés, cet album rassemble toutes les qualités du rappeur de 27 ans.
Un flow toujours plus enivrant, des paroles à la fois poétiques et violentes et des instrus d’une grande qualité, mention spéciale à l’instru de Je Sais aux sonorités afro qui marque une réelle rupture dans l’album. Si vous avez aimé les précédents projets de l’artiste, SPLIT peut être vu comme un achèvement artistique et pour ceux qui le découvrirait il apparait également parfait pour cerner totalement l’univers de J.O.$. Il avait lui-même déclaré que l’album ne devait pas forcément s’écouter dans l’ordre ni même en une seule fois ce qui à mon avis est la meilleure façon d’aborder le projet et ses titres tels que Petite Bulle, Je Sais, Bambi ou encore Bruce Wayne et Mauvaise Humeur.
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