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Une histoire du jazz éthiopien des 50's aux années 2000

  • Lucas
  • 16 janv. 2019
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 14 sept. 2020

Par Lucas Gomes


L'origine du jazz éthiopien

L’éthio jazz ou jazz éthiopien, est né dans les années 50. Il est caractérisé par un mélange entre musique éthiopienne traditionnelle dénommée azmari, composée de gammes pentatoniques et de jazz occidental. Le créateur de cette nouvelle forme de jazz se nomme Nersès Nalbandian. Issu de l’immigration arménienne, il fuit le génocide de son pays pour s’installer en Ethiopie avec sa famille dans les années 30. Son oncle, alors dirigeant de l’Opéra National d’Addis Abeba, lui cède sa place à sa mort. L’empereur Hailé Sélassié, dans un contexte de résurgence du nationalisme éthiopien, lui demande de réaliser un genre musical nouveau pour le théâtre national d’Ethiopie érigé en 1955. Après avoir posé les bases de la musique éthiopienne, seuls quelques groupes de musique autorisés par le gouvernement éthiopien à l’instar du Police Orchestra vont perfectionner le genre, jusqu’à lui donner les codes et spécificités encore en vigueur aujourd’hui.

Nersès Nalbandian

Théâtre National d'Addis Abeba

1960 : l’âge d’or du Jazz éthiopien, une reconnaissance nationale

Même si le jazz éthiopien se répand progressivement dans la société à partir des années 60, c’est surtout sous l’égide du chef d’orchestre Mulatu Atsaske que le genre musical va se massifier. Véritable passionné de jazz, il suit ses études musicales au Berklee College of Music à Boston en 1958, seule école de jazz au monde à cette époque. Etant le seul éthiopien présent dans cette école, il va chercher à diffuser la musique éthiopienne parmi les occidentaux, tout en essayant de préserver un côté jazz à sa création afin d’être audible auprès du public américain. C’est alors qu’il va entreprendre la fusion de sonorités éthiopiennes et de jazz américain, donnant lieu à un véritable perfectionnement de ce qui avait été entrepris par Nalbandian quelques années auparavant. C’est alors qu’à partir de la fin des années 60, Atsaske décide de revenir en Ethiopie dans le but de faire connaître ce genre musical à la majorité de la population. Même si, au départ, un certain nombre d’Ethiopiens, marqués par la colonisation italienne, ont vu d’un mauvais œil ce style musical, relai de l’impérialisme occidental. Par sa détermination et son acharnement, il fit prendre conscience de la richesse du jazz éthiopien et de son caractère profondément traditionnel. C’est dans ce contexte que de nombreux musiciens de jazz éthiopien vont voir le jour à l’instar de Mahmoud Ahmed.

Mulatu Atsaske un des fondateur de l'Ethio Jazz

Berklee College of Music à Boston

1974 : la mort du jazz éthiopien

L’année 1974 est marquée, en Ethiopie, par la prise de pouvoir de la Guérilla communiste de Mengitsu, dite du « Derg ». Ce nouveau régime, considérant le jazz éthiopien comme un genre musical « impérialiste », va progressivement le bannir de la société. La création musicale va être alors constituée de chants patriotiques. Le jazz s’étiole progressivement jusqu’à disparaître de la scène musicale. C’est alors que de nombreux jazzman Ethiopiens s’exilent dans d’autres Etats afin de fuir les persécutions. Cette période s’achèvera rapidement avec la fin de la dictature éthiopienne en 1991.

République démocratique populaire d'Éthiopie de Mengitsu

1990-2000 : un jazz qui renaît et s’exporte à travers le monde

Deux initiatives vont permettre au jazz éthiopien de renaître de ses cendres. C’est, tout d’abord, le long travail entrepris par Francis Falceto (musicographe français) pour faire rééditer une série de classiques du jazz éthiopien des années 60. En ce sens, il va faire rééditer, par le biais du label Buda Records, les « éthiopiques », série de morceaux de jazz éthiopien produits depuis les années 60 et regroupant trois labels : Amha Records, Kaifa Records et Philips-Ethiopia. Un second élément va faire connaître le jazz éthiopien au public américain : le film « Broken Flowers » de Jim Jarmusch sorti en 2005 dans lequel le personnage principal est un fanatique de jazz éthiopien.


Ainsi, même si le jazz éthiopien tend à être de plus en plus connu, et constitue une part non négligeable de la production de jazz pour les amateurs de ce genre musical, il reste cependant, cantonné à l'Ethiopie et s'exporte difficilement.

 
 
 

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